Biologie·Lucanidae

Les Platycerus à la trace

Certains coléoptères qui vivent dans les bois morts peuvent être détectés d’après les marques caractéristiques que laissent leurs larves ou les adultes lorsqu’ils émergent. Par exemple, les scolytes peuvent être identifiés à l’espèce à partir de leurs galeries dans de nombreux cas.

Pourtant certaines traces sont restées franchement énigmatiques jusqu’aux récentes études de D. Scaccini (2016). Il s’agit de traces larges d’1 cm environ, en forme typique : (O). En montagne alpine, on les retrouve sur des bois morts de feuillus, hêtre et érable surtout.

platycerus-scars
Traces de ponte de Platycerus sp. sur érable (Chartreuse 02-2017) (c) Dodelin B.

Scaccini a clairement montré qu’il s’agissait de marques creusées par les femelles de Platycerus caprea (De Geer, 1774) ou de P. caraboides (Linnaeus, 1758). Les marques de ponte se retrouvent chez d’autres espèces de lucanes, en Asie au moins, ou de capricornes. La ponte d’un unique œuf s’effectue en général dans le rond central tandis que les structures latérales restent encore énigmatiques. Quelques hypothèses ont été proposées, qui peuvent tout à fait être complémentaires. Elles pourraient servir à protéger l’œuf de prédateurs, conserver une plus forte humidité, espacer les pontes et éviter la concurrence entre larves, porter des informations chimiques afin que d’autres femelles ne pondent pas au même endroit, servir au développement de levures symbiotiques nécessaires aux larves. Une structure spécialisée, le mycangium, porteuse de ces levures, existe chez de nombreux Lucanidae comme Sinodendron cylindricum (Tanahashi & Hawes 2016). Les levures des mycangia font l’objet de nombreuses études quant à leur capacités enzymatiques ou encore vis-à-vis de leurs relations de parentés.

Les traces en (O) ne peuvent servir qu’à l’identification du genre Platycerus, et l’on ne peut décider entre caprea ou caraboides. Les mesures réalisées sur les traces n’apportent en effet rien de significatif statistiquement pour les distinguer (Scaccini 2016), et rien n’est encore publié pour P. spinifer Schaufuss, 1863. Si les traces sont récentes, on pourra trouver les larves dans le bois sous-jacent. Elles s’y développent en deux années (Moretto 1984) et sont assez faciles à élever en laboratoire.

Bibliographie

Moretto, P. 1984 Le cycle biologique de Platycerus caprea De Geer [Col. Lucanidae]. L’Entomologiste, 40 (6): 261-263

Scaccini, D. 2016 First record of oviposition scars in two European Platycerus species: P. caprea (De Geer, 1774) and P. caraboides (Linnaeus, 1758) (Coleoptera: Lucanidae). Bull. Soc. roy. belge Entom., 152: 142-151.

Tanahashi, M. & Hawes, C.J. 2016 The presence of a mycangium in European Sinodendron cylindricum (Coleoptera: Lucanidae) and the associated yeasts mycobionts. J. Insect Sci., 16 (1): 76. https://doi.org/10.1093/jisesa/iew054

Laisser un commentaire